Pourquoi est-ce si difficile d’être un éco-citoyen modèle ?
Dernière mise à jour : 21 mai 2021
Les changements individuels ne permettront pas, à eux seuls, de réduire suffisamment nos émissions de CO2 pour respecter les accords de Paris. Certes, d’importants changements collectifs et politiques sont nécessaires. Mais il est certain que sans modification de nos habitudes et sans mises en œuvre d’actions éco-responsables individuelles à grande échelle nous n’atteindrons jamais nos objectifs.
L’œuf ou la poule ? Une chose est sûre nous pouvons agir sur nos comportements dès aujourd’hui et il y a tout à parier que des choix politiques forts en faveur de l’environnement suivraient naturellement. Pourtant, bien que le réchauffement nous préoccupe tous, et chaque jour davantage, nous pourrions tous faire plus d’éco-gestes au quotidien et agir plus durablement.
Une étude du cabinet de conseil Carbone 4 montre d’ailleurs qu’avec un engagement individuel « modéré » nous pourrions réduire nos émissions de CO2 de 20% sur l’objectif de -80%. Et un engagement héroïque permettrait d’atteindre 45% de réduction !
Chapitre 1 : alors pourquoi est-ce si difficile de changer ?
La question de la modification des comportements humains est centrale dans de nombreuses disciplines comme la psychologie ou l’anthropologie. Différents modèles ont décrit le processus de changement de comportement et les étapes de celui-ci, nous y reviendrons dans un chapitre ultérieur.
Mais avant de s’intéresser aux étapes pour modifier ses habitudes individuelles afin de préserver chaque jour l’environnement, il est nécessaire de s’intéresser aux raisons pour lesquelles il est si difficile de devenir un éco-citoyen.
Il est important de distinguer ici deux typologies de difficulté, les difficultés propres à tout processus de changement, que l’on appellera ici « difficultés du changement comportemental » et les « difficultés du changement éco-citoyen » propres au domaine du développement durable.
Les difficultés du changement éco-citoyen
1) La privation
Réduire son empreinte environnementale c’est se priver, c’est associé à l’idée de réduire sa qualité de vie, c’est un peu le « retourner vivre dans une grotte » qu’on entend parfois. Les pays « développés » sont ainsi les plus gros pollueurs de la planète quand ceux qui émettent le moins de CO2 sont les plus pauvres.

2) Le consumérisme
Réduire son empreinte environnementale va à l’encontre du mythe consumériste qui façonne en grande partie nos désirs, pour être heureux il faut que nous consommions le plus de produits et services possibles. Cela impacte notre statut et identité sociale.

3) L’économie de l’expérience
Comment réduire son empreinte environnementale alors que nous vivons dans une économie de l’expérience dans laquelle on nous convainc que pour être heureux il faut multiplier les expériences et les voyages à l’autre bout du monde ? Encore plus avec l’avènement des réseaux sociaux où partager des photos dans des lieux incroyables permet d’afficher une forme de réussite et de récolter un maximum de likes, libérant ainsi ce qu’on appelle les « hormones du bonheur » comme la dopamine et sérotonine.

4) La vision à long terme
Réduire son empreinte environnementale car on nous prédit des catastrophes planétaires en 2100 voire 2050 si rien n’est fait d’ici là n’a que peu d’impact sur nos comportements au quotidien. Notre cerveau n’est pas fait pour faire des prévisions sur le long terme. Il y a encore 1 siècle l’Homme avait une espérance de vie de 30 à 40 ans ! Notre cerveau est fait pour prédire ce que l’on mangera ce soir, pour nous aider à survivre, pas pour prédire des choses dans plus de 30 ans…

Autant dire que ces 4 constats sont peu compatibles avec un comportement éco-responsable ! Mais elles ne sont pas ici les seules difficultés à surmonter pour faire de tout individu un éco-citoyen modèle.
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Les difficultés du changement comportemental
Les causes sont ici plus étudiées mais ne sont pas moins importantes pour atteindre nos objectifs. Les causes présentées ci-dessous se retrouvent dans d’autres champs d’application comme la santé, la pratique sportive ou l’arrêt d’addictions.
1) Je ne suis pas concerné (par le problème écologique)
Le déni du changement climatique et les climato-sceptiques se font plus rares grâce aux nombreuses actions de sensibilisation et aussi, malheureusement, à cause des événements climatiques et crises récentes montrant que nous sommes tous concernés. 81% des français considèrent ainsi qu’une grande partie des activités humaines nuisent à l’environnement.
Par contre rares sont les personnes qui ont pris pleinement conscience de l’ampleur de la tâche et des objectifs de réduction des émissions de CO2 attendues. Rappelons ici qu’un français moyen émet en 2020 11,9t de CO2, et qu’il lui faudra réduire de 80% ses émissions de CO2 d’ici 2050 pour atteindre 2t. Trier ses déchets et fermer le robinet quand on se brosse les dents ne suffiront bien évidemment pas !